Le Projet de développement des chaînes de valeur de l’élevage et de la pisciculture (-CVEP) découle de la volonté du Gouvernement du Cameroun d’impliquer activement le sous-secteur de l’élevage et de la pêche dans la recherche d’une croissance économique génératrice d’emplois et de revenus substantiels pour le monde rural. Sa consigne fait suite à la demande du Gouvernement en date du 13 juillet 2015 demandant à la Banque d’apporter un soutien financier susceptible de contribuer à atteindre le taux de croissance de 9,3% attribué à ce sous-secteur dans le cadre du Plan national d’investissement agricole (PNIA). Ce plan a été validé en avril 2014 et nécessite des ressources supplémentaires d’environ 1500 milliards de francs CFA pour sa mise en œuvre.

Dans un premier temps, cette opération devrait s’inscrire dans le cadre du Programme de Développement des Chaînes de Valeur Agricoles (-CVA). Pour des raisons liées d’une part au principe d’ancrage institutionnel des programmes et projets consacré par la loi n° 2007/06 portant nouveau régime financier de l’État et d’autre part à la prise en compte exhaustive des besoins du sous-secteur de l’élevage et au maintien de la cohérence interne de l’opération, il a été convenu de séparer le-CVEP du-CVA.

Ce projet d’une durée de cinq ans, d’un coût de 99,27 millions d’euros (dont 84 millions d’euros de la BAD), répond aux préoccupations de modernisation de l’appareil productif et assurera la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la population ainsi que la rentabilité des élevages bovins, porcins et piscicoles. Il s’agit aussi de mettre en exergue la contribution de l’énorme potentiel de ce sous-secteur à la consolidation d’une croissance économique durable et inclusive et de permettre au Cameroun de jouer pleinement son rôle de principal bassin de production de la sous-région de l’Afrique centrale.

Il s’attachera à renforcer les maillons dans les chaînes de valeur des trois secteurs retenus, de l’amélioration génétique à la commercialisation des produits, en passant par l’engraissement par une alimentation adéquate, la construction d’infrastructures d’abattage et d’équipements d’élevage et de pisciculture. L’implication du secteur privé dans les secteurs commercial, industriel et financier est une option qui facilitera l’établissement de liens économiques forts entre les acteurs des chaînes de valeur concernés et les banques et IMF en vue de faciliter leur accès au crédit. Il contribuera également au renforcement des capacités des acteurs impliqués dans les trois chaînes de valeur sélectionnées.

Le diagnostic de la filière et les opérations en cours ont permis d’orienter l’intervention du projet dans trois grandes filières : les bovins, les porcs et les poissons. L’approche de la chaîne de valeur a été adoptée pour renforcer la productivité et la compétitivité de ces secteurs avec l’implication du secteur privé du commerce, de l’industrie et de la banque tout en offrant des opportunités de création d’entreprise aux jeunes diplômés.

Le projet a un taux de rendement économique de 24% et un taux de rendement interne de 22% avec une valeur actuelle nette de 2,95 milliards de francs CFA à un taux d’actualisation de 12%.

Évaluation des besoins : Des consultations avec les différents acteurs du sous-secteur de l’agropastoralisme et de la pisciculture, notamment les syndicats professionnels et professionnels des bouchers, éleveurs et pisciculteurs, les responsables des ministères techniques, des communes, de la FEICOM, de l’ANOR, de la SODEPA, de la grande distribution (CENTRAGEL, CASINO, MAHIMA et SANTA LUCIA) et des banques commerciales ainsi que des IMF ont permis d’évaluer les besoins des trois filières. Les résultats de ces consultations peuvent être résumés comme suit : (i) l’urgence d’assurer la disponibilité de races/espèces bovines, porcines et ichnologiques à haute performance génétique et à bonne nutrition pour les animaux et les poissons en vue d’une augmentation rapide de la production (ii) la nécessité d’infrastructures pour faciliter l’accès à l’abattage (taux d’abattage clandestin 60% pour les bovins, 80 % pour les ovins et 90 % pour les porcs) et les marchés ; (iii) la nécessité de renforcer et de structurer les organisations des acteurs afin qu’ils puissent accéder aux financements et aux innovations technologiques ; iv) la nécessité de soutenir les institutions de microfinancement (IMF) et les banques commerciales par la mise en place de mécanismes de garantie et de refinancement afin d’accroître l’offre et l’accessibilité au crédit ; (v) la nécessité de réformer la gestion du transport et de la distribution de la viande et du poisson en soutenant la modernisation de la logistique et le respect des normes sanitaires et d’hygiène, et (vi) la nécessité de faciliter l’accès aux semences, à la nourriture et aux autres intrants nécessaires à la production pastorale et halieutique.

La valeur ajoutée de la Banque : Le-CVEP s’inscrit dans le cadre de la contribution au financement du programme national d’investissement agricole (2014-2020), estimée à 1500 milliards de francs CFA et l’engagement de la Banque s’élève à près de « 300 milliards de francs CFA ». En outre, le-CVEP consolide l’implication de la Banque dans la diversification de l’économie du pays et créera une synergie avec les autres interventions de la Banque, en particulier le-CVA, Grassfield et les projets de transport qui ont ouvert les corridors avec des perspectives d’ouverture aux marchés extérieurs (Communauté économique des États de l’Afrique centrale – CEEAC et Nigeria).

Développement des connaissances : Compte tenu de son caractère innovant, le-CVEP comprend plusieurs axes relatifs à l’intégration des différents maillons des chaînes de valeur de l’élevage et de la pisciculture en s’attaquant aux goulets d’étranglement dans leur fonctionnement et en favorisant un cadre de collaboration entre ses acteurs. De plus, le-CVEP pilotera dans ces chaînes de valeur : a) des mécanismes de financement inclusifs capables de stimuler l’investissement privé et b) l’entrepreneuriat des jeunes par le biais de l’incubation. Par ailleurs, un système de suivi de la dynamique du secteur du poisson et de la pêche sera mis en place, ce qui aidera le Gouvernement à mettre en place une politique de régulation des importations de poisson en lien avec le développement de la production locale. Enfin, l’initiative d’extension de la protection sociale en milieu rural est un processus qui permettra de renforcer le confort des jeunes qui souhaitent s’engager dans l’agriculture. Toutes ces interventions constitueront des expériences pilotes pour la Banque, le Gouvernement et d’autres parties prenantes des chaînes de valeur et généreront des connaissances de grande valeur pour les développements futurs des chaînes de valeur agricoles au Cameroun et au-delà.